Avez-vous déjà entendu parler du D-Mer ?

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Qu’est-ce que le D-Mer ?

Avez-vous déjà entendu parler du D-Mer[1] ? J’ai découvert ce concept il y a quelques jours, je n’en avais jamais entendu parler auparavant. Le nom vient de l’anglais Dysphoric Milk Ejection Reflex, qui peut être traduit en Français par Réflexe dysphorique d’éjection du lait.

Qu’est-ce que la dysphorie ?

La dysphorie se caractérise par une perturbation de l’humeur ressentie de façon désagréable. La dysphorie est le contraire de l’euphorie, c’est un ressenti pénible, douloureux. Par exemple, les personnes dépressives ou anxieuses ressentent de la dysphorie, mais l’on peut être dysphorique sans être dépressif ou sans présenter de trouble anxieux. Dans le cas du D-Mer, la dysphorie est ressentie juste avant le réflexe d’éjection du lait. L’on commence à trouver des articles concernant le D-Mer sur PubMed. 

Comment se caractérise le D-Mer ?

Les femmes qui présentent ce trouble manifestent un état dysphorique juste avant et/ou quelques minutes après le réflexe d’éjection du lait. Le D-Mer peut se produire au premier ou à chaque réflexe d’éjection du lait. Concomitamment au réflexe d’éjection du lait, des réactions émotionnelles négatives comme de la tristesse, du désespoir, de la mélancolie, de l’anxiété, de la colère, de la nervosité, du dégoût de soi, de la terreur, de la panique, des tensions ou de l’agitation peuvent apparaitre soudainement. Des sensations physiques désagréables peuvent également être ressenties au niveau de l’estomac.

Trois intensités différentes sont rapportées : légères, moyennes et intenses. Ces niveaux d’intensité sont subjectifs et déterminés par le ressenti de la maman. Plus elle est dérangée par sa dysphorie et plus l’intensité du D-Mer est élevée.

Savoir que l’on est sous l’emprise d’un trouble hormonal peut permettre d’apprendre à faire avec plus facilement qu’en restant isolé. 

 

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Quelles sont les causes du D-Mer ?

Les causes du trouble ne sont pas claires. Les hypothèses les plus sérieuses évoquent un trouble hormonal à travers un hypométabolisme de la dopamine, un neurotransmetteur impliqué dans le système de la récompense.

Ce que n’est pas le D-Mer ?

Le D-Mer n’est pas psychologique. Cela ne sert à rien de dire à une femme de se secouer ou de prendre sur elle si ce n’est de la culpabiliser un peu plus… N’oubliez pas que les femmes avec un D-Mer ont déjà peur d’être de mauvaise mère, alors inutile d’en rajouter !

Le D-mer n’est pas causé par la nausée. Une nausée peut se manifester secondairement au D-Mer, mais elle n’en est pas la cause.

Le D-Mer n’est pas un post-partum blues ou une dépression. En dehors de la présence du réflexe d’éjection du lait, l’humeur de la personne est normale.

Comment soigne-t-on le D-Mer, quelles sont ses évolutions possibles ?

À ce jour, aucun traitement médical n’est disponible. Les molécules dopaminergiques semblent parfois efficaces en réduisant la dysphorie, mais il n’y a pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) de ces médicaments avec pour indication le traitement du D-Mer puisque ce trouble n’est pas reconnu par la communauté médicale comme une maladie.

Les conséquences de la dysphorie, l’inconfort causé par ce trouble vont être possiblement réduits dès lors qu’une femme prend conscience qu’elle est touchée par un trouble hormonal. Le trouble peut se résorber de lui-même en cours d’allaitement, au sevrage de bébé, ne pas se résorber ou parfois perdurer après l’allaitement sous une autre forme (dysphorie prémenstruelle par exemple).

Lorsqu’une femme se sait atteinte du D-Mer, donc d’un trouble hormonal, elle est moins pressée de sevrer son bébé, elle est parfois plus tolérante à sa dysphorie. C’est la raison pour laquelle il est important de communiquer sur le D-Mer. Le support social et psychologique peut réduire les effets négatifs du D-Mer, mais pas toujours.

Le D-Mer est d’origine organique et ses mécanismes sont encore flous. Il semblerait que le lobe frontal de certaines personnes puisse être sous l’influence de la perturbation hormonale, conséquence la prise de recul devient impossible à opérer chez ces femmes. Elles comprennent et savent de quoi elles souffrent, mais leurs réactions émotionnelles prennent le pas sur les aspects rationnels de leur comportement. La prise de recul peut donc apparaitre de surcroit à l’éducation thérapeutique par le biais notamment d’échange d’informations, mais ce recul n’apparait pas chez certaines. Attention de ne pas stigmatiser ou culpabiliser ces personnes qui pour des raisons organiques ne parviennent pas à se distancier de leurs émotions (lobe frontal impliqué ++ = absence de contrôle possible), sinon cela renforce le trouble en majorant le stress.

Les femmes atteintes qui font de la psychothérapie ne verront pas leur dysphorie réduite par la thérapie, mais elles pourront apprendre à faire avec plus facilement. Consultez les groupes d’entre-aides mentionnés plus bas. Certaines personnes expliquent dans ces discussions comment elles parviennent à ne pas lutter contre la dysphorie, à l’accepter pour mieux traverser la crise. Certaines vont boire un verre d’eau en attendant que ça passe, d’autres vont essayer de lire quelque chose, d’autres encore vont essayer de lâcher-prise en acceptant l’orage qui les submerge… Cependant, la stratégie qui ne fonctionne pas est de vouloir contrôler la dysphorie par la volonté. Cela consomme de l’énergie, met dans l’échec et génère du stress…

Le site Internet D-MER.org (en anglais) permet aux femmes de s’informer.

Miss Brownie sur le site Les Vendredis Intellos à fait un article sur le D-Mer.

Vous trouverez ici l’adresse du groupe Facebook d’Alia Macrina Heise qui a créé le concept de D-Mer. Alia est très réactive et dans la collaboration, le groupe pourra vous apporter du support, demandez à y entrer. C’est en anglais !

Elise Bolduc propose du soutien entre pairs (peer support). Contactez là grâce à son groupe Facebook en français.

[1] Breastfeeding Medecine : the official journal of the Academy of Breastfeeding Medecine, Dysphoric Milk Ejection Reflex (D-Mer): A Case Series, Ureño TL, Buchheit TL, Hopkinson SG, Berry-Cabán CS, 2018 January/February ; 13 (1) : pages 85-88.

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