Formation gestion de l’agressivité afin de prévenir la violence en établissement médico-social

Vous avez assisté à une de mes formations sur la gestion de l’agressivité afin de prévenir la violence en établissement médico-social. Vous souhaitez nous faire part de vos doutes, de vos succès ou de vos échecs quant à appliquer ce que nous avions vu lors de la formation… Vous pourrez à la fin de cet article poser vos questions et proposer aux autres intervenants des pistes d’amélioration afin qu’ils sortent de certaines situations difficiles ou bloquées. Mais aussi faites-nous part de vos succès, cela fait du bien !

Quelques rappels de la formation sur la gestion de l’agressivité afin de prévenir la violence

Une modélisation pertinente donne des pistes sur comment se positionner face au stress, l’agressivité et la violence. C’est le modèle de la cage d’inhibition popularisé par Henri Laborit.

Souvenez-vous, 3 cages pour 3 situations

Cage A : Auto agressivité, mauvais choix.

Le rat retourne l'agressivité envers lui

Cage B : Fuite, la situation où l’on fabrique sa porte de sortie. C’est ce qu’il faut privilégier.

Le rat évite l'agressivité

Cage C : Hétéro agressivité, mauvais choix au travail.

Les rats agissent avec agressivité

Au travail dans un établissement médico-social, seule la situation « cage B » où l’on fabrique une porte de sortie est acceptable. Vous ne devez pas retourner l’agressivité contre vous (cage A) et d’un point de vue légal, éthique, moral, vous ne pouvez pas retourner l’agressivité contre l’autre (cage C).

Par ailleurs, l’agressivité est un phénomène normal et naturel. Elle permet de conquérir, de défendre, d’exprimer des tensions. On ne peut pas empêcher qu’il y ait de l’agressivité, mais l’on peut être vigilant à ce qu’elle ne se transforme pas en violence. La violence peut arriver si l’on maitrise mal son cadre (les limites, ce qu’en tant que professionnel l’on peut faire, doit faire, ce que l’on ne peut pas faire, ce que l’on ne doit pas faire…), si l’on ne s’y réfère pas assez, si l’on alimente l’agressivité…

Face aux facteurs de stress, nous observons deux grands comportements, la fuite ou l’attaque.

L’agressivité est liée au stress. Moins je contrôle mes facteurs de stress et plus je ressens de l’agressivité. Les établissements médico-sociaux sont remplis de personnes (usagers et familles) assaillies de facteurs de stress avec absence de contrôle… Je ne contrôle pas ou peu la maladie, le handicap, le vieillissement, la dépendance… La maladie, le handicap, la dépendance, les symptômes psychiatriques sont des facteurs de stress avec (souvent) absence de contrôle. C’est pourquoi en leur présence on observe souvent de l’agressivité ou de la violence.

L’agressivité et la violence sont des phénomènes naturels et normaux. Dans tous les groupes sociaux humains, la violence est codifiée. Elle est généralement interdite, prohibée sauf chez ceux qui l’exercent au nom de l’autorité ou du pouvoir (police, armée, justice…). Le pouvoir à le monopole de la violence.

Les différentes définitions légales et officielles de la violence dans les établissements médico-sociaux.

Dans les établissements médico-sociaux, la violence répond à une définition bien précise (circulaire DHOS/P 1 no 2005-327 du 11 juillet 2005 relative au recensement des actes de violence dans les établissements mentionnés à l’article 2 du titre IV du statut général de la fonction publique), celle du passage à l’acte violent. Ce passage à l’acte se caractérise par un comportement hostile, agressif accompagné de gestes (coups, griffures, morsures…), nous sommes alors face à la violence physique. La violence peut être verbale lorsque vous êtes face à des insultes ou des menaces. Donc deux types de violence :

– violence physique (coup, griffures, morsure…)
– violence verbale (menaces, insultes)

– la violence est orientée sur les biens ou les personnes

La violence peut être orientée sur les personne ou sur le matériel. Ne banalisez pas les violences commises sur les objets. Souvenez-vous des vidéos où l’on a observé cela, elles peuvent être le précurseur des violences aux personnes.

La différence entre l’agressivité et la violence

S’il n’y a pas de passage à l’acte, c’est que vous êtes face à de l’agressivité. S’il y a passage à l’acte, il y a violence, quelque soit l’intention et l’état de l’auteur… La violence c’est l’expression de l’agressivité à travers le passage à l’acte.

Les établissements médico-sociaux sont des lieux où il y aura toujours plus de violence qu’à d’autres endroits

Parce qu’il y a et qu’il y aura toujours des personnes dont l’état de santé les privent totalement ou en partie de leur discernement (certaines maladies psychiatriques ou neurologiques par exemple), il y aura plus de violence dans les établissements médico-sociaux que dans d’autres secteurs d’activité. C’est aux professionnels de s’adapter et aux établissements, aux employeurs de donner aux salariés tous les moyens disponibles afin que les professionnels développent des stratégies adaptées afin de faire face aux violences.

Conseils face à l’agressivité

N’alimentez jamais. Souvenez-vous des jeux de rôle et des petites scènes filmées que nous avions étudiés, il y a beaucoup de façon d’alimenter l’agressivité. Parfois la passivité peut alimenter l’agressivité, parfois c’est d’agir ou de parler qui alimente… Analyser vos comportements. Faites le point en équipe. Travaillez cela en analyse de la pratique. Alimenter l’agressivité peut être assimilé à une faute professionnelle dès lors que le professionnel répète ce comportement, qu’il en a été informé et que malgré cela il ne travaille pas sur son erreur de positionnement.

Ce que l’on appelle « les incivilités » fait généralement partie des comportements agressifs. Ces comportements sont désagréables et pénibles, mais l’usager n’a pas encore enfreint la limite du passage à l’acte. C’est discourtois, mais il reste dans son droit dès lors qu’il n’y a pas de menace ou d’injure… Restez calme, prenez de la distance, n’alimentez surtout pas, mais ne manifestez pas non plus de comportement de soumission qui pourrait alimenter l’agressivité de l’autre. Soyez vigilant, restez calme, prenez de la distance, trouvez des relais auprès de vos collègues.

Conseils face à la violence

Ne restez pas isolé. Faites attention à ne pas alimenter votre sentiment de culpabilité. La culpabilité est une mise en sens de ce qui vous arrive et que vous ne comprenez pas, que vous ne maitrisez pas, qui vous dépasse. Face à ce genre de situation, mon cerveau dit « tu dois y être pour quelque chose… ».

Allez voir votre hiérarchie, parlez-en avec elle. Essayez de trouver en groupe, en équipe des pistes d’amélioration. N’acceptez pas de votre hiérarchie ou de vos collègues les propos culpabilisants comme « qu’est-ce que tu as fait pour que cela arrive ? », « tu es professionnel, trouve une solution ». Exigez des recommandations concrètes. Demandez comment faire, que l’on vous montre concrètement comment agir.

Si l’événement violent doit être repris, tant au niveau des professionnels que des usagers, attendez que les émotions de tout le monde soient descendues avant de reprendre sinon vous risquez de réalimenter l’agressivité à nouveau.

Ayez des stratégies de groupe. Tant qu’une partie de l’équipe fait d’une façon et qu’une autre partie fait autrement, cela crée les conditions d’un possible passage à l’acte.

Souvenez-vous : une décision d’équipe permet à l’usager d’orienter son agressivité sur le cadre et non sur les personnes physiques c’est pourquoi vous devez avoir des stratégies d’équipe.

L’usager doit pouvoir exprimer et orienter son agressivité sur et dans le cadre de référence. Cela peut se penser dans le cadre d’activités qui permettent d’exprimer l’agressivité de façon adapté. Ces activités peuvent être du sport agressif encadré (la boxe) ou bien au contraire des apprentissages qui permettent de mettre l’agressivité à distance (groupe d’affirmation de soi). Il faut ici fonctionner au cas par cas…

Trouvez « des portes de sortie ». Ne restez pas isolé, ni l’équipe, ni le salarié. Sortez l’information du groupe, parlez-en à votre hiérarchie, au reste de l’équipe, aux autres équipes, à vos représentants du personnel, au médecin du travail… Ne pas « sortir » du groupe l’information qu’ici il y a de la violence, des passages à l’acte dont on n’arrive pas à se défaire renforce la posture de toute puissance du ou des agresseurs. Parlez !!

Une piste d’amélioration afin de travailler sur la violence et l’agressivité dans un établissement médico-social

Mettre en place un outil de mesure de la violence. Une démarche se voulant d’inspiration scientifique repose en premier sur une mesure. Cela permet entre autres choses de neutraliser les éléments liés à la subjectivité. Face à la violence la subjectivité des uns et des autres est normale mais cela risque de nous entrainer dans des comportements non professionnels qui vont banaliser ou au contraire exagérer la violence. Face à la violence il y a toujours un risque, en faire trop ou pas assez… Une piste concrète, utilisez la fiche officielle du ministère de la Santé. Cet outil sera idéalement transmis aux ARS après avoir été analysé en interne par l’établissement, l’association, la fondation. Il permet de mesurer objectivement le niveau de violence dans un établissement. Cela peut être une décision prise en CHSCT afin d’améliorer l’existant concernant les violences dans un établissement (notion de traçabilité). De plus, cela répond aux normes d’exigence afin de lutter contre les RPS (Risques Psycho Sociaux), la violence faisant partie des RPS. La mise en place de ce type d’indicateur contribue à améliorer le bien-être au travail et la qualité des soins ou de l’accompagnement dans un établissement.

Gérez mieux votre stress pour mieux faire face à l’agressivité et à la violence

Souvenez-vous qu’il est important de faire de la gestion du stress de façon active en dehors de votre travail. Jetez un œil sur ces pages afin de revoir ce que nous avions vu en formation ici et là…

Lorsque l’on a tout fait afin de ne pas alimenter l’agressivité et que malgré tout la violence apparait

Contraindre physiquement l’usager violent qui se met en danger ou qui met en danger les autres est une stratégie adaptée. Mettre en place des formations où l’on apprend à immobiliser de façon sécure les usagers violents avec lesquels il n’y a plus d’autre contrôle possible contribue à la qualité des soins et de l’accompagnement. Je recommande de faire les recyclages en interne avec un référent désigné. Certaines compagnies aériennes procèdent de la sorte et cela fonctionne bien. Il est par exemple proposé aux salariés de s’entrainer à immobiliser un passager violent quelques fois par an dans le cadre d’entrainements réalisés dans un avion au sol… Il y a pourtant moins de passages à l’acte dans les avions que dans l’ensemble des établissements médico-sociaux, mais ces deux secteurs d’activités se positionnent très différemment face à la violence. L’aéronautique a une culture de l’analyse du risque, d’analyse de l’accident, du « presque accident » alors que les établissements médico-sociaux sont traditionnellement dans une gestion du risque violent beaucoup plus empirique. Il y a donc beaucoup de pistes d’amélioration à réaliser dans les établissements médico-sociaux afin de réduire les risques liés à la violence.

20 réflexions sur “Formation gestion de l’agressivité afin de prévenir la violence en établissement médico-social”

  1. bonjour,
    J’ai suivi cette formation avec beaucoup d’intérêt. Monsieur Dibouës nous a apporté des outils, des méthodes de réflexion, des différentes possibilités d’intervention et une façon intéressante du travail d’équipe.
    Merci. très bonne formation.

  2. GIRARDEAUX Christine

    Bonjour,
    J’ai suivi cette formation avec beaucoup d’intérêts. La formation était fluide, j’ai découvert notamment les symptômes négatifs ce qui va me servir au quotidien dans l’accompagnement des personnes. Le formateur était dynamique et à l’écoute, Journée très enrichissante. Merci

  3. Potiron Stéphane

    Bonjour à tous, j’ai suivi cette formation par le biais de mon établissement le NHN « Nouvel Hôpital de Navarre » en psychiatrie. Je sort de ces deux jours avec des nouveaux apports qui m’aideront à améliorer ma prise en charge, en situation d’agressivité ou de violence malgré mes 22 ans d’expérience. J’encourage tout professionnel soignant à suivre celle-ci. Formateur qui anime bien son groupe, beaucoup d’échanges…. Good job !

  4. Des explications claires, illustrées par des exemples concrets et des expériences très parlantes, nous permettant de remettre en question notre pratique professionnelle, mais également notre vision du quotidien et de la société actuelle. Une formation interactive, qui laisse libre place à l’expression du ressenti des soignants.

  5. Matthieu. Psy M.A.S Juvigny sous Andaine

    Un formation précise, concrète et efficace pour les équipes. Celle-ci donne des éléments précis afin de permette d’améliorer notre prise en charge chez les résidents en M.A.S. Un formateur agréable, disponible et réactif.

  6. Dans le cadre de mon travail en hôpital psychiatrique, j’ai effectué deux jours de formation avec Franck Diboues sur ce thème. Ces journées ont été très enrichissantes et m’ont amenée à me questionner davantage sur les interactions entre différentes personnes et ce que chacun, selon sa personnalité et sa posture peut induire dans un échange avec autrui. L’animation du groupe a permis une excellente dynamique avec des échanges d’expériences très riches entre chaque soignant et j’en garde un très bon souvenir. très bon moment. Cette formation me servira au quotidien afin d’améliorer ma pratique et donc mon expérience. Je recommande Franck Diboues pour cette formation. Merci pour ce moment!

  7. Bonjour
    J’ai également suivi cette formation, que je trouve très enrichissante.
    Formation qui nous permet de nous remettre en question, dans la prise en charge de nos usagers et d’améliorer notre quotidien au sein de notre établissement.
    Merci beaucoup pour toutes ces billes….

  8. Bonjour,
    j’ai suivi pendant 4 jours la formation agressivité et violence en institution. Ces 4 journées ont été enrichissantes et m’a permis de mettre du sens à ma pratique professionnelle. Franck a su mettre le groupe en confiance pour que chacun puisse intervenir. Cette formation permet d’avoir des outils de travail et une réflexion sur des interventions dans le cadre de notre travail en institution.
    Franck nous apporte son expérience et ces 4 jours sont étayés d’exemples et de supports.
    SUPER formation……
    Merci Franck

  9. Bonjour,
    J’ai eu la chance pendant 4 jours de suivre la formation « Agressivité et violence en institution » avec Franck DIBOUES.
    Je l’en remercie pour sa pédagogie de travail, sa disponibilité et son écoute.
    J’ai beaucoup apprécié les différents supports (vidéo, Power Point, etc.) qui m’ont permis de bien comprendre les différents termes, le décorticage des cas pratiques, la réglementation et les solutions.
    C’est une formation riche, qui remet en question notre pratique, nous apportent autant de théories que de techniques.
    Merci pour ce partage.
    Anaïs

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