La personnalité en psychologie

Personnalité

La personnalité est une composante psychologique relativement stable qui est à la fois d’origine innée et sous l’influence de l’environnement. Elle présente différentes composantes que nous allons survoler ici.

Qu’est-ce que la personnalité ?

En latin, la persona est un masque. Ce nom est également issu du verbe personare qui signifie parler à travers…

La personnalité est ce que dans le langage courant on appelle le caractère. C’est une caractéristique psychologique assez stable, habituelle à travers le temps et les situations.

Nous percevons beaucoup plus facilement les différentes caractéristiques liées aux personnalités des autres que les nôtres.

Les caractéristiques de la personnalité sont souvent nommées par des adjectifs : autoritaire, sociable, fier, orgueilleux, altruiste, méfiant, sérieux, consciencieux, séductrice, égoïste, perfectionniste…

Ici plus qu’ailleurs, le pathologique est l’exagération du normal.

Les deux composantes majeures de la personnalité

Le tempérament est la composante innée de la personnalité. La personnalité a donc un aspect biologique. Ainsi, à la naissance nous ne sommes pas une « cire vierge » et possédons déjà des caractéristiques liées à la personnalité.

Le caractère est la part de notre personnalité sensible aux influences éducatives. Cet aspect de la personnalité est donc une part acquise.

Le caractère et le tempérament vont donc interagir et se mêler l’un à l’autre, faisant de chaque personne le fruit des deux ADN parentaux et des influences du milieu social. Nous sommes là, à la croisée de l’inné et de l’acquis. 

Deux composantes importantes de la personnalité

La personnalité trait = caractéristique stable et permanente.

La personnalité état = caractéristique propre à un moment ou à une situation donnée.

Si nous observons une personne récemment embauchée qui cherche à lier de nouvelles connaissances, cela ne suffit pas pour penser qu’elle a un trait de personnalité sociable. Cette personne se montre sociable peut-être simplement parce qu’elle estime que c’est nécessaire pour se faire accepter dans son nouveau poste. Nous n’avons pas prouvé qu’elle était sociable dans d’autres circonstances de sa vie, que c’était habituel chez elle… Nous la voyons simplement dans un état sociable, mais nous ne savons pas si c’est un trait de sa personnalité. Nous parlons donc ici d’un état de la personnalité.

Si deux personnes parlent de la personnalité d’une troisième qu’elles connaissent, elles discutent souvent sans le savoir de la différence entre trait (caractéristique constante) et état (état passager lié aux circonstances). En voici un exemple :

– Michel est un grand pessimiste (trait de caractère).

– Mais non, pas du tout, c’est qu’il est encore secoué par son divorce (état passager).

–  Non, non, je l’ai toujours connu comme ça (trait).

–  Pas du tout, quand il était étudiant, c’était un rigolo (état) !

Cet exemple soulève une question : la personnalité de Michel n’a-t-elle pas changé au fil du temps ? Jeune, c’était vraiment un rigolo (trait), maintenant il est devenu définitivement pessimiste (trait). Effectivement, certains traits de personnalité se modifient parfois et avec le temps…

Personnalité

Les anciennes tentatives de classement des personnalités

De tout temps, les hommes ont cherché à classer leurs semblables selon certains critères psychologiques. Ces classements étaient de fait des classifications en fonction de la personnalité, même si le mot n’était pas toujours utilisé (chez Hippocrate par exemple).

Les classements de personnalité par catégories (classements catégoriels)

Ces classements rangent les personnes dans des catégories définies à l’avance, par exemple la théorie des humeurs d’Hippocrate ou celle des quatre grands types de personnalité de Kretschmer.

Hippocrate (4ème siècle avt. J.C.)

Les personnalités d'après le corpus hippocratique

Les quatre grands types de personnalité de Kretschmer (1925)

Les quatre grands types de personnalité de Kretschmer (1925)

Ce type de classification catégorielle présente un avantage, des descriptions très évocatrices mais un inconvénient majeur, dans la réalité les choses sont plus variées et nuancées. C’est pour cette raison que ces classifications ont été progressivement abandonnées par les psychologues et les psychiatres au profit d’une approche plus intéressante, celle des aspects dimensionnels de la personnalité.

L’approche dimensionnelle

Une grille de lecture dimensionnelle de la personnalité est celle de R.B. Catell et son 16PF dont la première édition date de 1949 et la dernière de 1993. Ce type d’outil est beaucoup utilisé par les services de ressources humaines (RH) afin de mieux comprendre le fonctionnement de tel ou tel individu, tout comme ses capacités à fonctionner en groupe (notion de personnalités « compatibles »). Le Myers Briggs est un autre outil de même nature.

L’approche de R.B. Catell et son 16PF

en retrait ………………………………. sociable

moins intelligent …………………… plus intelligent

instable émotionnellement …….. stable émotionnellement

soumis ………………………………….. dominant

réservé ………………………………….. enthousiaste

opportuniste …………………………. consciencieux

timide …………………………………… sans inhibition

endurant ……………………………….. délicat

confiant ………………………………… méfiant

pratique ………………………………… imaginatif

franc …………………………………….. sournois

placide ………………………………….. appréhensif

conservateur …………………………. radical

dépendant …………………………….. indépendant

manque de contrôle ………………. maitre de soi

décontracté …………………………… tendu

Une autre approche dimensionnelle est le MMPI (Minnesota Multiphasic Personality lnventory). Il explore dix composantes de la personnalité grâce à 500 questions auxquelles le sujet répond sur lui même par vrai ou faux. La première édition date de 1943, la dernière de 1989.

approche dimensionnelle : le MMPI (Minnesota Multiphasic Personality lnventory)

Le modèle dimensionnel de Cloninger (fin des années 1980)

Propose 7 composantes de la personnalité. Dans un premier temps, il différencie 4 dimensions qu’il considère comme faisant partie d’un tempérament, c’est-à-dire probablement inné, car se manifestant dès le plus jeune âge et transmis par l’hérédité. Ces 4 dimensions gouvernent les premiers apprentissages.

Les quatre dimensions du tempérament selon Cloninger sont :

1 : Recherche de la nouveauté : la personne qui a une forte note sur cette dimension aura tendance à explorer activement son environnement, à réagir avec intérêt à la nouveauté, à éviter activement la frustration.

2 : Évitement de la punition : tendance à se faire du souci, à adopter un profil bas pour éviter les mauvaises surprises, à s’abstenir dans le doute, de peur de conséquences fâcheuses.

3 : Dépendance à la récompense : besoin d’approbation des autres, de soutien, de récompenses rapprochées.

4 : Persistance : tendance à continuer résolument une activité malgré la fatigue ou la frustration.

François Lelord et Christophe André nous donnent des exemples amusants (et simplificateurs) avec ces personnes au restaurant :

  • Monsieur-dépendance-à-la-récompense va immédiatement commander son plat favori, dont il se délecte par avance.
  • Monsieur-recherche-de-la-nouveauté va vouloir essayer un plat nouveau qu’il ne connaît pas.
  • Monsieur-évitement-de-la-punition va surtout chercher à repérer dans le menu tout ce qu’il digère mal pour l’éviter soigneusement.
  • Monsieur-persistance, un peu en retard, va longuement chercher une place de parking autour du restaurant sans s’irriter ni se décourager, malgré sa faim.

Cloninger ajoute à son modèle trois autres dimensions, dont il pense cette fois qu’elles définissent ce qu’il appelle le caractère. À la différence du tempérament, le caractère serait plus influencé par les expériences éducatives.

Les 3 dimensions du caractère selon Cloninger :

  1. Autocontrôle. Cette composante est associée à une bonne estime de soi, une croyance dans son pouvoir d’influer sur sa propre vie et son environnement, une capacité à se fixer des buts.
  2. Coopération. Acceptation et compréhension des autres, empathie, altruisme.
  3. Autotranscendance. Les personnes ayant un score élevé sur cette dimension ont le sentiment que leur vie a un sens, une sensation d’appartenance au monde, une vision spiritualiste plutôt que matérialiste.

Les personnalités du DSM

Aujourd’hui, la plupart des cliniciens se réfèrent au classement du DSM afin d’envisager la personnalité d’un individu et ses troubles éventuels. Vous trouverez ici les dix types de personnalité auxquels les psys contemporains font référence lorsqu’ils parlent de personnalité normale ou pathologique.

Qu’est-ce qu’un trouble de la personnalité ?

Nous développerons cet aspect dans un autre article tant le sujet est vaste. Néanmoins, il est possible de dire qu’un trouble de la personnalité ou une personnalité pathologique est la manière d’être avec soi-même et avec les autres et qui pousse l’individu aux conflits et/ou aux échecs et à la souffrance (se faire souffrir, faire souffrir les autres).

François Lelord et Christophe André ont, dans leur ouvrage, préféré le concept de personnalité difficile. Comme pour la personnalité pathologique, certains traits, par exemple la méfiance, sont alors trop figés, trop marqués, inadaptés aux situations dans lesquelles il n’y a pas lieu de se méfier (personnalité paranoïaque). Cet aspect entraine de la souffrance chez l’individu et chez les autres.

Être en accord ou pas avec sa personnalité difficile

Les personnes qui ont conscience du caractère inadapté de leurs conduites et qui aspirent à s’en défaire sont appelées ego dystonique.

À l’inverse, celles plus tolérantes par rapport à leurs troubles, oscillant de la méconnaissance à l’acceptation sont appelées ego-syntonique. Dans les relations, celles-ci sont plus redoutables que les premières, car elles ont tendance à se voir comme non responsables (ne serait-ce qu’en partie) des conflits dans lesquels elles entrent et que leurs problèmes de personnalité alimentent.

La plupart des personnalités difficiles sont ego-syntoniques, d’où leur grande résistance au changement, car elles n’ont pas conscience que tout ou partie du problème leur incombe. 

Paul Valéry dont j’ignore s’il avait une personnalité pathologique ou pas disait « Je me suis détesté, je me suis adoré ; puis nous avons vieilli ensemble », ce qui traduit bien le passage de l’ego dystonie à l’ego synthonie.

Donald a clairement un trait de personnalité colèrique ce qui fait de lui une personnalité difficile…

Cette vidéo est très éclairante sur les troubles de la personnalité malgré les inutiles grossièretés de Pedro Sanchau.

Je me suis inspiré pour la rédaction de cet article de l’excellent livre de François Lelord et de Christophe André sur les personnalités difficiles, qu’ils soient remerciés de leur travail de qualité.

Comment gérer les personnalités difficiles

4 réflexions sur “La personnalité en psychologie”

  1. Très bon travail ! L’approche analytique est vraiment appréciable. Les différents aspects sont abordés de manière claire et concise. Les exemples concrets renforcent la compréhension. Félicitations !

  2. Très digeste votre manière d’appréhender les differents pans de la personnalité. Même un profane de la discipline peut s’y retrouver. Merci !

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