Sérotonine versus dopamine

Sérotonine versus dopamine

Pourquoi mangeons-nous trop ? La plupart du temps, c’est pour obtenir une satisfaction immédiate, pour nous faire plaisir… Le plaisir est lié à un neuromédiateur (messager chimique du cerveau), la dopamine. Les activités qui engendrent du plaisir déclenchent des pics de dopamine qui renforcent le comportement en incitant à le reproduire. D’où un lien entre dopamine et addiction. Les personnes sujettes aux dépendances, celles qui prennent des risques élevés comme les chercheurs de sensation en tout genre ont une production de dopamine importante. Mais la dopamine est un antagoniste de la sérotonine ; lorsque la dopamine monte la sérotonine descend et réciproquement.

À l’inverse, la sérotonine est liée à un niveau de satisfaction élevé et régulier. La présence de sérotonine dans le cerveau est associée à une humeur égale, à une satisfaction durable, à l’absence de prise de risque… au bonheur ! Sur un plan neurobiologique, nous observons que le plaisir et la satisfaction immédiate (dopamine) s’opposent au bonheur (sérotonine)…

Robert Lustig[1] constate que tout ce qui booste la dopamine est payant et susceptible de déclencher des dépendances (avec ou sans substance), mais qu’au contraire, ce qui déclenche la sécrétion de sérotonine est gratuit et sans risque d’assuétude.

Les activités impliquées dans la sécrétion de sérotonine sont :

Participer à des actions qui dépassent le cadre de notre propre personne et de notre ego. C’est par exemple contribuer à améliorer la société ou les conditions de vie d’autres personnes que soi même. Certains ressentent cela dans le cadre de leur travail (certains soignants par exemple…), mais la plupart des gens ont un employeur qui a pour objectif autre chose que l’amélioration de la qualité de vie des autres et le dépassement de soi… Ce sont donc principalement des activités qui s’exercent en dehors de la vie professionnelle et qui nous mettent en réseau à travers des rencontres réelles et concrètes (voir la partie sur la gestion du stress et le soutien social).

Une bonne hygiène de vie comme suffisamment de sommeil (la sécrétion de sérotonine est liée au sommeil), un bon niveau de dépense physique (lutter contre la sédentarité), la lutte contre l’interruption de tâches qui fait ressentir déplaisir et inconfort… La pratique d’activités qui permettent d’être absorbé et d’oublier le temps qui passe. À ce sujet, vous trouverez d’autres conseils dans la partie de ce livre sur la gestion du stress et les activités mentales de canalisation de la conscience.

Faire la cuisine pour soi et pour les autres permet de réduire la consommation de sucre (voir les parties de ce livre sur le sucre et celles sur les aliments ultras transformés). De plus, en cuisinant des aliments frais, vous augmenterez votre ration d’oméga 3 et de fibres alimentaires. Ce faisant, vous améliorerez la qualité de votre microbiote intestinal ce qui retentira sur votre humeur et votre santé mentale.

La World Compagnie vous vend des pics de dopamine avec sa nourriture trafiquée. Être excessivement attiré par les achats (les lieux et les aliments qui font l’objet de marketing, la mode, les objets électroniques attirants, le mode de vie « bling-bling »…) mène à l’opposé du bonheur. Prenez de la distance avec les sirènes de la consommation et lorsque vous faites quelque chose, demandez-vous si cela vous rend heureux (sérotonine) ou si cela vous apaise (dopamine), plaisir versus besoin…

Aliments sérotoninergiques

Retenez :

Le plaisir (dopamine) est différent du bonheur (sérotonine).

Quand la dopamine monte, la sérotonine baisse.

Sur le plan biochimique, le bonheur (paix et long terme) s’oppose à la satisfaction immédiate (excitation et court terme).

Le sucre agit sur les circuits de la dopamine comme une drogue, mais il coûte moins cher, est facilement accessible et consommé dès l’enfance.

La sérotonine est stimulée par :

– Ce que l’on donne en général…

– Les relations sociales fructueuses

– Le don de soi et de son temps

– Le saumon, les huiles de poisson, l’huile de lin, le chocolat noir

– L’activité physique (par l’augmentation du tryptophane)

– La lumière du soleil (niveau de preuve scientifique faible)

– La gestion du stress (tel que présenté dans ce livre)

– Les soins corporels comme les massages, les saunas, les spas

La dopamine est stimulée par :

– Ce que l’on prend en général…

– Le sucre

– La nourriture ultra transformée

– Les drogues (opioïdes, cocaïne, cannabis)

– Le café et les excitants comme les boissons énergisantes

– L’alcool

– Un mode de vie qui repose sur la consommation d’objets

Les activités liées à la dopamine ne peuvent pas conduire au bonheur puisqu’elles font baisser le niveau de sérotonine !

Le cortisol, l’hormone du stress a tendance à déréguler les récepteurs de la sérotonine. Une personne stressée qui mange de la nourriture ultra transformée augmente sa dopamine (elle fait baisser sa sérotonine) et le cortisol vient en plus perturber la capacité de synthèse de la sérotonine. Vous avez là la recette idéale afin de créer un état anxieux et dépressif comme on en trouve de plus en plus dans les sociétés occidentalisées !

La recherche du plaisir peut conduire à la dépendance (dopamine).

Le bonheur ne conduit pas à la dépendance (sérotonine).

La dopamine dérégule la sérotonine il est donc impossible d’être heureux (sérotonine) à travers un comportement lié à la recherche du plaisir (dopamine).

[1] The Hacking of the American Mind: The Science Behind the Corporate Takeover of Our Bodies and Brains, Robert Lustig, 2017.

Passage tiré de La Tête et le Ventre :

La Tête et le Ventre

3 réflexions sur “Sérotonine versus dopamine”

  1. Bonjour,
    Une question à laquelle je suppose qu’il n’est pas aisé de répondre (ne serait-ce qu’en fonction de la variabilité interindividuelle du métabolisme):
    Un patient souffrant de syndrome de Parkinson ou de syndrome des jambes sans repos est supplémentée, du fait de son traitement, en précurseur dopaminergique au moment du coucher.
    A quel point l’antagonisme physiologique entre dopamine et sérotonine/mélatonine est-il impacté par la thérapeutique précurseur dopaminergique, en ce qui concerne l’induction et le déroulement du sommeil ?
    Je vous remercie par avance de bien vouloir me faire part de votre point de vue.
    Bien cordialement.
    Philippe VIOTTE

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